Le château et ses jardins à la Française
De la première terrasse du château de Restinclières, devant la façade Sud du château, nous embrassons une vaste vue, avec devant nous le jardin à la française, puis l’allée de platanes, et au loin le village perché de Montferrier. De part et d’autre de vastes étendues de collines boisées de pins d’Alep, de chênes verts : c’est un contraste fort entre le strict ordonnancement géométrique des parterres de buis en carrés emboîtés, des ifs et pittosporums taillés en topiaires, et l’environnement de végétation livrée à elle-même, sans ordre imposé. C’est aussi, dans le jardin lui-même, le contraste en le végétal et le minéral des allées, des murs, escaliers, et des quelques éléments décoratifs (vases monolithes d’orangerie).
N’aurait-on pas déjà là plutôt un jardin à l’italienne ordonnancé mais implanté au milieu d’une nature apparemment sauvage ? Cette impression italienne ne serait-elle pas renforcée par le jeu de 4 terrasses successives ? : celle où nous nous trouvons, n°1, celle des parterres de buis, n°2, une 3e que l’on devine à peine, puis le niveau 4 de l’allée des platanes. N’y a-t-il pas des cyprès « florentins » ? Et de fait le premier jardin de Restinclières datait du 17e siècle, avant que le jardin à la française n’arrive en Languedoc. N’est-ce pas pour cela qu’il lui en manque des attributs essentiels : le miroir d’eau reflétant la façade du château, les jeux d’eau, les parterres de fleurs, les bosquets bien taillés avec les « cabinets de verdure », les allées secondaires dans le parc… ? Ne faudrait-il pas, plus simplement, et plus modestement, parler d’un « jardin régulier » ?
Le jardin a été refait, voire redessiné au 18e siècle, en même temps que les modifications décoratives de la façade du château. Il y a bien un axe central de composition (même légèrement décalé) allant du perron au centre du château à l’allée principale de la seconde terrasse puis à l’allée des platanes. L’allée principale du jardin met en valeur le château. Inversement de l’intérieur du château l’on a de belles vues sur le jardin et le paysage.
Au début du 19e siècle S. Bentham, féru de botanique, implantera dans la 1ère et la 2e terrasse des cèdres de l’Himalaya, pour créer de l’ombre. Ceux de la 1ère terrasse existent encore, majestueux. Ceux de la 2e terrasse ont été éliminés lors de la restauration des années 2010 des jardins.